Un mois que j'ai quitté mon pays, ma famille, mes amis, mes habitudes, et ma vie toute tracée, pour rencontrer mon nouveau pays, des familles prêtes à m'accueillir comme leur fille, des personnes incroyables qui deviennent mes amis, pour me créer mes nouvelles habitudes et construire mon propre chemin, hors des sentiers battus.
Un mois que j'ai cessé de dire au revoir, pour prononcer des nouveaux bonjours.
Un mois que je profite de chaque instant, que je vis au jour le jour, et que j'aime prendre du temps pour vivre, tout simplement.
Un mois où j'ai pleuré une seule fois, le soir de mon arrivée (Non pas parce que j'étais triste, juste parce que j'ai lu tous vos messages laissés dans mon "goodbye book". Merci !), et ris des centaines de fois.
Un mois où j'ai rencontré des personnes extraordinairement chaleureuses. Certains sont en passe de devenir ma famille, mes amis. Un mois que j'aime les prendre dans me bras.
Un mois que je parle espagnol, anglais et français, et que mon cerveau a dû mal à gérer ce cocktail bizarre.
Un mois que je "m'argentise" : que je bois du maté; que je fais la bise aux personnes que je rencontre à chaque fois que je les rencontre, parfois cinq fois par jour; que j'utilise sans cesse les expressions "Como andas ?" et "Claro", et que je commence à prononcer les "Che" et les "boludo"; que je fais parfois la sieste; que je prends mon temps.
Un mois que tous les matins je me dis "Fais un effort, lève-toi. La journée sera sûrement belle.", et tous les soirs "Tout ça en une seule journée ! La journée a été belle."
Un mois que j'ai découvert l'école argentine, et que je me dis sans cesse qu'il faut que je remercie mes professeurs en France de réaliser leur métier à merveille.
Un mois où je suis allée à Carhue, Monte Hermoso, Bolivar, et Mar del Plata. Où j'ai mangé des alfajor et du dulce de leche, beaucoup trop. Où j'ai cuisiné des Kanelbullar, pris des taxis, repassé mes vêtements et enfin réussi à allumer le gaz avec un briquet toute seule.
Un mois que j'ai arrêté d'avoir peur, d'avoir honte. Que je vais simplement vers les gens. Que je suis célèbre dans mon lycée. Que je chante faux devant des personnes que je ne connais que depuis très peu, et même que j'aime ça.
Un mois que je pense fort à vous. Ce n'est pas que je n'ai pas de temps pour vous. C'est juste que je n'en ai déjà pas pour moi.
Un mois où j'ai fait des centaines et des milliers de choses.
Juste 1 mois, 30 jours, 720 heures. Et je me demande comment j'ai pu accomplir tout ça en si peu de temps.
Je vous embrasse